Notre époque a été le théâtre d'une explosion du digital, si bien qu'aujourd'hui la technique envahie notre vie et influence nombre de nos activités quotidiennes comme par exemple la lecture. Si beaucoup connaissent déjà les E-Book (les livres électroniques), les comics numériques, eux, restent un concept un peu moins connu du grand public. Nous avons donc eu l'honneur de nous entretenir avec Geoffo, un dessinateur de comics français qui officie chez Marvel pour la division Infinite comics qui s'occupe d'éditer ce genre de BD "immatérielles". Au cours de notre entretient, l'illustrateur français nous a présenté les spécificités de son travail tout en revenant sur sa carrière.
Pouvez-vous vous présenter rapidement ?
Geoffo : Je suis Geoffo, un artiste spécialisé dans le numérique , bossant principalement pour l'éditeur américain Marvel Comics sur leur ligne dématérialisée, les Infinite Comics. Je réalise également quelques travaux dans le monde de la publicité et de l'animation.
Comment vous est venue votre passion du dessin et des comics ?
Geoffo : Depuis tout petit j'ai baigné dedans grâce à mes frères qui étaient également de gros lecteurs de comics et dessinateurs occasionnels. Mon désir de réaliser des récits spécifiquement pensé POUR l'écran (aussi appelé Turbomedia), lui, est venue grâce à une 2ème passion qui s'est créée lors de ma formation à l'école d'animation LISAA.
En quoi consiste votre travail et quelles sont les spécificités de la création de comics en numérique par rapport aux versions papier ?
Geoffo : Mon travail chez Marvel consiste à faire le story-board, c'est à dire à poser le squelette, du récit numérique. Le support étant différent du papier, nous parlons « d'écrans » et non plus de pages. L'agencement des cases et les effets rendus possibles par le support écran diffère d'une mise en page traditionnelle, pour le papier. Pour autant, cette nouvelle mise en page se doit aussi d'être dynamique et adaptée à ce que raconte l'histoire. C'est un peu comme le théâtre et le cinéma, il y a des codes similaires entre les deux médiums, mais ils ont tout les deux leurs spécificités.
Comment en êtes-vous venu à travailler pour Marvel ?
Geoffo : En premier lieu grâce à mon acharnement au travail. J'ai une chance inouïe de travailler chez Marvel, auquel je n'aurais pas pu prétendre si je n'avais pas de book à montrer.
Ensuite grâce au goddamned Balak (créateur du Turbomedia, co-créateur de la BD Lastman ainsi que de la websérie les Kassos) auprès de qui j'ai pu montrer mon travail lors d'une conférence sur le numérique. Il se trouve que Balak était le directeur artistique de la maison d'édition numérique Thrillbent, dirigée par Mark Waid (le Spielberg du comics), et qu'il recherchait des projets numériques à proposer.
Mon ami Jean Louis Mast et moi-même lui avons donc proposé le projet numérique Pax Arena (lisible gratuitement sur Thrillbent : ).
Quelques mois plus tard lors d'une convention en Angleterre, Mark Waid nous introduit à l'éditeur de l'époque de Spider-man Steve Wacker, et le reste fait partie de l'histoire !
Les comics sont très encrés dans la culture américaine (comme les mangas le sont dans la culture japonaise) le fait que des Français opèrent dans ce domaine peut donc surprendre, donc comment êtes-vous parvenus en tant que français à vous frayer une place dans une entreprise aussi prestigieuse que Marvel à percer dans cet univers ?
Geoffo : Cela fait un moment que les comics sont diffusés en France, et leur accessibilité dans les librairies à permis un éveil à cette culture. Pour ma part, c'est comme ça que j'ai découvert et baigné depuis tout petit dans cette culture, tout comme dans la culture manga !
L'apparition d'internet a également facilité les échanges et la possibilité de converser avec d'autres pays. Aujourd'hui Marvel travaille avec beaucoup d'artistes de nationalités différentes (italienne, mexicaine, espagnole, française...), ce n'est donc pas surprenant de voir des français travailler chez Marvel. La surprise c'est plutôt que j'ai la chance de travailler pour eux ! L'ouverture de la culture y est pour quelque chose.
Qu’apportent les comics numériques à votre média selon vous et est-ce une alternative d’avenir ?
Geoffo : Les comics numérisés offre notamment un nouveau moyen de diffusion pour les artistes et les éditeurs : grâce à des plates-formes comme Comixology, une personne vivant loin d'une librairie peut avoir accès à des bandes dessinées.
Les comics numériques, eux, peuvent offrir de nouvelles manières de raconter des histoires comme Marvel le fait avec les Infinite Comics. On peut aussi y ajouter des animations, du son, autrement dit, le numérique est un peu l'équivalent d'un bac à sable où l'on ramène d'anciens jouets pour raconter des nouvelles choses.
Je ne sais pas si on peut le considérer comme une alternative, mais en tout cas comme un nouveau médium narratif, offrant à des lecteurs potentiels de nouveaux contenus à lire.
Car quelque soit le support, le plus important c'est de raconter une histoire.
Quel est moment le plus mémorable de votre carrière?
Geoffo : Ma rencontre avec Balak, suivi de celle Mark Waid, suivie de celle avec Steve Wacker. Presque comme dans un rêve ou dans un film, elles se sont enchaînées à une vitesse folle et m'ont permis de grandement évoluer à tout les niveaux.
Quels sont vos projets futurs ?
Geoffo : Je bosse toujours avec Marvel Comics, je travaille également sur quelques projets ( dont certains numériques ) pas encore annoncés (mais qui ne devraient pas trop tarder, sûrement à la rentrée). Bref je suis pas mal occupé !
Si vous deviez être un super-héros, ce serait lequel et pourquoi ?
Geoffo :Question difficile... Peut-être un sidekick (Robin pour Batman, Tippy Toe pour Squirrel Girl), parce qu'on peut s'éclater sans avoir trop de responsabilités !
Sinon j'ai toujours aimé le personnage de Diablo (Nightcrawler en anglais) et son pouvoir de téléportation, Pouvoir relativement simple mais toujours efficace !